Le Chevalier d’Eon.
Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Thimothée d’Eon de Beaumont est né le 5 octobre 1728. Il est célèbre pour avoir été un espion dont le déguisement le faisait passer pour une femme.
Il fait ses études à Tonerre puis, en 1743 puis poursuit au collège Mazarin à Paris. Il obtient son diplôme en droit civil et en droit canon. Puis il se met à écrire et publie les Considérations Historiques et Politiques.
Il est ensuite repéré pour ses talents et sa bonne mine par Louis XV et nommé censeur royal pour l’Histoire et les Belles-Lettres.
Il s’affilie plus tard au « Secret du Roi », c'est-à-dire la politique que mène Louis XV en parallèle de ses conseils officiels, soit un service secret de renseignements. Il est, dans ce cadre, envoyé à la cour de la tsarine Elisabeth en Russie pour obtenir une alliance avec la France. Il devient alors ensuite secrétaire d’ambassade. Il raconta avoir été la « lectrice » de la tsarine sous le nom de Lya de Beaumont afin de pourvoir l’approcher au plus près. Celle-ci découvrit sa véritable identité et essaya de consommer. Mais comme il ne réussit pas, on le traita de fou. Il finit par influencer la tsarine au profit de Louis XV et mène à bien sa première mission.
Il retourne à Saint-Pétersbourg comme secrétaire comme secrétaire d’ambassade de 1758 à 1760. Il quitte l’armée en 1762, sa carrière prenant de l’ampleur, et devient Capitaine des Dragons et devient dès lors un agent secret.
Il est envoyé à Londres en 1762 où il collabore à la rédaction du traité qui sera signé à Paris. Son habileté diplomatique lui fait recevoir la plus haute distinction : l’ordre Royal et Militaire de Saint Louis. Parallèlement, il est chargé par le Secret du Roi de faire un plan d’invasion sur l’Angleterre et le Pays de Galles.
Il est ensuite nommé ministre du Duc de Nivernais. A l’arrivée du nouvel ambassadeur, il en devient son secrétaire. Mais les deux hommes n’arrivent pas à s’entendre et lors d’un dîné, l’ambassadeur aurait tenté d’empoisonner son secrétaire.
Une guerre s’installe alors à l’ambassade de France entre les deux camps. Un procès devant la Cour de Sa Majesté Britannique a même lieu en 1767 qui donne raison au Chevalier d’Eon. Les hommes de plume de l’ambassadeur argumentent sur sa prétendue folie. De fou, on le prétend hermaphrodite, puis femme. On va même jusqu’à ouvrir des paris sur son sexe. La douceur de ses traits, la parfaite symétrie de ses prénoms (3 féminins et 3 masculins) ne vont pas contre ces rumeurs, et de plus le Chevalier ne les démenti pas.
Après la mort de Louis XV, Louis XVI qui ne l’aimait pas du tout fit récupérer certains documents secrets et une ordonnance est prise en 1777 lui donnant ordre « de quitter l’uniforme de dragons, qu’elle continue à porter et de reprendre les habits de son sexe avec défense de paraître dans le royaume sous d’autres habillements que ceux convenables aux femmes ». Pour la Cour cela ne fait plus de doute : le Chevalier d’Eon est une femme. Il continuera à porter des vêtements féminins pendant 30 ans, parfois fournis par Marie-Antoinette elle-même. Il est ensuite exilé à Tonerre, où il reste six ans, après avoir perdu ses fonctions.
En novembre 1785 il regagne la Grande Bretagne et perd sa rente. Il se retrouve dans la misère, menant une vie de saltimbanque et il est recueillit par une dame de son âge : Mrs Cole.
En 1804, il est emprisonné pour dettes. Libéré, il vit encore 4 ans dans la misère avant de mourir à Londres le 21 mai 1810. En effectuant la dernière toilette de « la défunte », on s’aperçut avec stupéfaction que cette vieille dame était un homme. Des médecins anglais ont rédigés un rapport médico-légal : « Par la présence, je certifie que j’ai examiné et disséqué le corps du Chevalier d’Eon et que j’ai trouvé sur ce corps les organes mâles de la génération parfaitement formés sous tous les rapports ». Mais cette derrière cette affirmation se cache le mystère d’un homme qui a vécu plus de 30 ans comme une femme. Un secret que seul Louis XVI pouvait résoudre.
Nul plus que lui n’a inspiré les caricaturistes mais on oublie que ce diplomate aux pratiques douteuses était aussi un « homme des Lumières » qui laisse de nombreux écrits et une volumineuse correspondance.
La carrière éclectique du Chevalier d’Eon colle au plus près de l’histoire de France de Louis XV à Napoléon I. Rarement personnage n’aura marqué autant son époque et rarement personnage n’aura suscité une telle passion.
Webographie :
http://www.ipoint.fr
http://archives-chez-alice.fr