lundi 26 janvier 2009

Chardin, Jeune dessinateur taillant son crayon.

Jean-Baptiste Siméon CHARDIN, JEUNE DESSINATEUR TAILLANT SON CRAYON, 1737, 80 H ; 65 L, Huile/toile, Musée du Louvre, Paris.






samedi 24 janvier 2009

La conquête du plain-pied : : L'immeuble à Paris au XVIIIe siècle - J. F. CABESTAN.



Présentation de l'éditeur.


La conquête du plain-pied propose un renouvellement des savoirs sur l'habitat parisien de la fin de l'Ancien Régime. Cette période charnière pour l'histoire es villes est marquée par la politique des " embellissements " de même que par l'évolution rapide de la manière dont les citadins colonisent l'espace urbain. L'on savait jusqu'ici peu de chose sur la genèse de dernier-né de l'inventaire des types bâtis qu'est l'immeuble par appartements, apparu sous le règne de Louis XV à la faveur de phénomènes d'hybridation complexes mal identifiés. Réalisée à partir d'un dépouillement massif de documents d'archives pour beaucoup inédits, cette étude s'efforce d'expliquer comment la tradition séculaire de l'habitat à la verticale cède progressivement le pas au principe du logement de plain-pied, dévolu à l'existence d'un noyau familial élargi aux enfants. L'attention à l'impact des composantes constructives, stylistiques, réglementaires, sociales et urbaines sur l'invention architecturale constitue la toile fond de cette réflexion sur l'émergence de l'habitat contemporain. L'iconographie comprend environ 550 illustrations regroupées sous forme de planches assorties de notices. La clef de cette présentation rigoureuse est de permettre une double approche des phénomènes, l'une par le texte, l'autre par l 'image.




Biographie de l'auteur.


Historien de l'art de formation, Jean-François Cabestan est architecte DPLG et architecte du patrimoine. Après plusieurs années d'enseignement aux écoles d'architecture de Versailles et de Paris-Belleville, il est aujourd'hui maître de conférences à l'UFR d'Art et d'Archéologie de l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il se consacre ponctuellement à ses activités de praticien ainsi qu'au journalisme. Ayant donné lieu à diverses publications en la matière, les recherches de Jean-François Cabestan portent sur la naissance de l'habitat moderne, et de manière plus générale, sur l'étude du patrimoine bâti. Ses compétences d'historien et d'architecte lui permettent de renouveler les méthodes d'approche en ces domaines.

samedi 17 janvier 2009

Zucchi, Galerie du Palais Rucellai, Rome, 1570.

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Décors à sujet mythologique : les Galeries. 

La Généalogie des Dieux.
Palais Rucellai.
Jacopo Zucchi, Rome, fresque, 1570.




Introduction.
Jacopo Zucchi a fait dans le palais du seigneur Orazio Rucellai, une galerie
avec diverses inventions, une belle affaire, et il y a des ornements, et des
entreprises avec des cartels et des figures diverses, avec des esquisses qui le
mène à l’assiduité.
(Giovanni Baglione)

Le palais doit son origine à une noble famille florentine ayant fait fortune dans la teinture des draps, les Rucellai, et plus particulièrement Orazio qui fit construire le palais par Bartolomeo Ammannati entre 1556 et 1586.
A l’étage noble, outre une série de salons ornés, il y a la grandiose galerie, décorée par Jacopo Zucchi. Elle représente la Généalogie des Dieux, un des chefs d’œuvre florentin de Rome. On y trouve des représentations des dieux, des triomphes des divinités et des figures allégoriques ; sur les murs, les héros, empereurs romains et des représentations de Rome et de Florence. La galerie est de par ses dimensions (28m x 7,5m environ) et sa décoration l’une des plus importantes du XVIe siècle à Rome.
Jacopo Zucchi (vers 1541 – 1596) fut élève de Vasari et actif dans la décoration du Studiolo de Francesco Ier au Palazzo Vecchio. C’est vers 1572 qu’il se pose à Rome. Il apprit de Vasari à former un art « unitaire ». D’un côté il eu une expérience romaine auprès de Ferdinand de Médicis et d’un autre côté il a assimilé l’expérience flamande qui fut, dans ses jeunes années, un phénomène dans la culture artistique italienne.
En quoi le programme de la galerie du palais Rucellai affirme-t-elle le talent de Jacopo Zucchi pour l’invention de grands projets figuratifs ?
Plan : Composition de la galerie → description de la structure de la composition, des représentations ; Programme figuratif → intentions de Zucchi dans la représentation.

I – Composition de la galerie. A / Généralités.
Jacopo Zucchi représente dans la galerie la Généalogie des Dieux. A travers leurs attributs sont narrés l’origine, la nature et les actions de chaque divinité.
Zucchi y fait une somme des sources antiques et modernes qui démontrent une formation littéraire du peintre et sa volonté d’une proposition encyclopédique de la tradition des mythes. Jacopo Zucchi y utilise donc plusieurs sources telles qu’Ovide, Homère, Virgile, Dante, Boccaccio… qui interprètent les mythes et leur signification moralisante.
Son idée est celle de la parade des dieux qui apparaissent alors planant sur l’observateur, tirés par des chars fantastiques et escortés par les signes des constellations qui les caractérisent.
Au centre, innombrables guirlandes qui délimitent les scènes induisent à penser à la présence du frère Francesco, spécialiste de la nature morte.
Au centre de la voûte, dans les cinq cadres majeurs sont représentés les planètes Jupiter, Mars, Apollon (Soleil), Vénus et Mercure. Ils sont représentés selon un modèle commun : sur un char de triomphe, leur position de jour et de nuit par rapport aux constellations qui se trouvent à leurs pieds, au dessus le signe du zodiaque dans lequel chacun est en transit, et il suggère la représentation d’un moment astrologique précis. Saturne et la Lune concluent la série des planètes. Suivent les douze divinités mageures, rangées hiérarchiquement, partant du Père Ciel pour finir avec Hercule, dans les cadres surpeuplés de personnages allégoriques et de symboles alternés des médaillons monochromes avec les douze signes du zodiaque.
Le faste de la décoration atteint son summum dans les guirlandes qui se succèdent, composant alors des figures phytomorphes, de coquillages et de coraux, de vaisselle d’or, d’étoiles, mais aussi d’instruments musicaux, de fleurs et de fruits, d’astrolabes, d’oiseaux, d’horloges, de livres et ainsi de suite avec des allusions significatives aux règnes des divinités qu’ils encadrent.
Autre élément important de la culture de Zucchi est la connaissance de la tradition astrologique, relative aux personnifications des mythes. Dans les demi-lunes de la voûte et dans les parties monochromes courbes alternées, sont représentées les trente-six constellations mineures disposées au nord et au sud du Zodiaque. Leur représentation figurative a été réalisée tant avec des sources littéraires antiques qu’avec leur traduction dans les cartes du seizième siècle de la voûte céleste.
Sur les murs, le thème de la décoration se concentre sur l’histoire romaine : héros et héroïnes, exemples de vertu civique et de religion, s’alternent à des scènes allégoriques qui font allusion à la vie et au caractère des douze empereurs romains, dont les bustes sont dans les niches au dessous.
B / La voûte. a) CIEL. Le plus antique des dieux, fils de l’Air et de la Terre, est représenté comme un jeune homme qui soutient un vase dans lequel se trouve une flamme ardente. Il est assit sur une sphère stellaire à la manière d’un char, trainé par les deux Ours célestes.
A ses épaules la personnification du Pôle Arctique indique les sept étoiles arctiques sur le globe qu’il tient, alors que le vieil homme assis à ses pieds est le Pôle Antarctique qui montre les quatre étoiles qui l’identifient.
A droite l’Equinoxe, dans le signe de la Balance et du Bélier, alors que le Solstice d’Hiver et celui de l’Eté sont représentés aux extrémités du groupe dans les figures du vieil homme accompagné des signes du Capricorne et celui du jeune homme avec le Scorpion.
Deux figures monochromes concluent les attributs allégoriques : à droite, le Feu ou éther (ciel), élément pertinent au ciel, avec un vase dans lequel brûle la flamme, et à gauche, l’Eternité avec le symbole du serpent qui se mord la queue.
b) OCEAN. Représenté comme un vieil homme à la barbe abondante et à la tête couronnée de coraux, le fils d’Uranus et de la Terre siège sur un char tiré par des bœufs marins. Il est accompagné sa femme Teti et de son fils Triton qui joue du buccin (instrument antique) feignant ainsi le vacarme de la mer en tempête.
A droite la figure en bronze est Proteo, divinité marine, berger des troupeaux de Poséidon, entouré de lions, loups et de sangliers qui symbolisent les diverses aspects de la mer, mais aussi les diverses formes dans lesquelles le dieu avait la faculté de se muter.
c) SATURNE.
Fils du Ciel et de la déesse Tellus, père des dieux majeurs, il est le premier des sept planètes représentées sur la voûte. Selon l’iconographie usuelle il est représenté comme un vieil homme avec la faucille dans les mains, pour dénoter la caractéristique du temps qui anéanti chaque chose. Assi sur le char trainé par des dragons et des serpents, il tend à une figure féminine, l’Italie, les instruments pour le travail des champs. De fait quand Jupiter le détrône, Saturne trouve l’hospitalité auprès de Janus, en Italie, et y introduit l’agriculture. La grandeur de la Péninsule est évoquée dans la corne d’abondance remplie de sceptres, couronnes et « marzocchi » qui la tienne en main.
Aux pieds du dieu des putti vivent et meurent et font ainsi allusion à la génération et corruption causé par le temps, auquel s’ajoute le sablier du temps.
L’enclume et le marteau sont les instruments pour frapper les monnaies sur lesquelles est représenté la tête de Janus bifront (deux têtes) et le bateau rostral (orné de motifs de navire) qui portent Saturne en Italie.
A gauche du groupe, Janus, le plus antique des dieux italiens, tient dans une main le temple qui dédié à Saturne, dans l’autre la clé, symbole de l’antique croyance qui représente l’ « esprit de la porte » et gouverne alors chaque départ et retour.
En bas les signes du zodiaque du Verseau et du Capricorne, cas de jour et nocturne de la planète.
En haut un putto soutient la Balance, constellation dans laquelle Saturne est en transit.
Le panneau est conclu des deux figures allégoriques monochromes : à droite l’Agriculture avec les épis et les instruments, à gauche l’Age d’or sur lequel règne Saturne, avec un rameau de chêne chargé de glands symbole de la simplicité de la nourriture de cette époque.
Les guirlandes avec des horloges, fruits et fleurs évoquent les quatre saisons sur lesquelles gouverne le dieu.
d) JUPITER. Le fils de Saturne est en grandeur sur le char tiré par les aigles qui lui sont consacrés : à droite la Justice (avec la balance et l’épée), et à gauche la Religion (avec un autel sacrificiel et un agneau).
La gerbe d’éclairs fait allusion à la puissance de Jupiter dans le ciel, sur la terre et dans les enfers et à la triple nature du feu : ardent, resplendissant et consumé.
En bas, les deux cases de la planète, le Sagittaire et le Poissons, alors qu’en haut un putto joue avec le Scorpion.
e) MARS. Armé, il est debout sur le char de la guerre trainé par des loups féroces. Le conducteur du char est Bellona, antique divinité italique de la guerre et de la discorde, alors qu’usuellement il suit le char de Mars.
L’éclat rougeoyant qui entoure sa tête rappel la nature froide et sèche de la planète et la nature colérique et fougueux de la divinité.
Ses cases sont le Scorpion et le Bélier, alors qu’en haut il y a le céleste Capricorne.
f) APOLLON.
Zucchi le peint au centre de la voûte en correspondance à sa position astronomique au centre des sphères errantes.
Suivant la tradition littéraire d’Hésiode à Ovide sur le char sont symbolisés de ses multiples exploits : le serpent, le griffon, le bouclier, le loup, le coq, l’épervier, le crocodile, le cafard, la cithare, le taureau et le cygne. Son char est tiré par quatre chevaux ailés symbolisant les saisons ou les quatre phases solaires.
Autours jouent les Heures, les servantes d’Apollon, avec le sablier dans les mains, les précède Aurore ailée, avec le flambeau illuminé pour chasser les ténèbres.
Aux pieds du dieu, le Lion, son unique case, au dessus de sa tête du Bélier céleste.
g) VENUS. Elle avance sur le char tiré par des cygnes couronnés d’une guirlande de roses blanches et rouges qui rappellent ses exploits. Sur le char, des coquillages font allusion à la naissance de Vénus dans l’écume et deux colombes rappellent le mythe de la nymphe Peristeria ainsi transformée, qui sont renforcés des attributs de l’amour conjugal aux dires « cestes », dans laquelle restent les grâces, le rire, les caresses et les flatteries. Venaient à elle des jeunes filles afin d’être consacrée et ainsi être sous sa bienveillance.
A ses côtés Imeneo, divinité des noces avec ses attributs, la couronne de roses, le flambeau illuminé et le voile.
En qualité de planète elle aux pieds ses deux cases, le Taureau et la Balance, alors que le Poissons céleste indique la constellation dans laquelle elle est en transit.
h) MERCURE. Selon la tradition iconographique de messager des dieux, il porte le chapeau ailé, et les ailes se retrouvent à ses pieds, il a le caducée dans une main et dans l’autre la bourse qui fait allusion à la catégorie des marchands qu’il protège.
La balance romaine est le symbole de la protection exercée sur le commerce et de l’invention.
Ses cases sont le Gémeaux et la Vierge. En haut le signe zodiacal de la Vierge.
i) LUNE. Elle est représentée dans la triple signification de la Lune dans le Ciel, Diane sur la Terre et Ecate dans les Enfers. Elle est assise sur le char trainé par un cheval noir et un blanc puisque sa lumière resplendi de jour et de nuit. Elle a dans la main la clé de celles qui dirigent et qui facilitent le chemin.
Elle est accompagnée de la Rosée et du cerf qui lui sont consacrés.
A leurs pieds, un putto qui monte le signe du Cancer, son unique case, il a dans la main le sceptre de Lucina protectrice des femmes enceintes.
l) NEPTUNE.
Défendant le cadre de son frère majeur Jupiter ; il triomphe sur le char tiré par des chevaux marins empoignant le trident symbole de la triple nature de l’eau : dansante, des fonds et des rivières.
Il est accompagné de sa femme Amphitrite et de son fils Triton sui joue du buccin. Son autre fils, le cyclope Polyphème, et la belle Galatée qui n’a pas correspondu à son amour (peint en monochrome aux côtés du groupe) concluent la cadre.
m) PLUTON. Il est le frère de Neptune et de Jupiter (sur lesquels il est aligné sur la voûte). Son char trainé par trois chevaux flamboyant est animé de figures infernales inspirées d’un poème dantesque.
A ses pieds il y a Cerbère aux trois têtes qui font allusion à la triple cruauté des choses (vers Dieu, vers le prochain, vers soi même) traversé par la gloutonnerie pour l’or (vaisselle), et à son côté les trois furies, Aletto, Tisilone et Megara.
Ultérieurement attribut funéraire, on trouve la branche de cipres, plante qui lui est consacrée. Les figures monochromes représentent à droite l’Achéron, à gauche la Richesse.
n) JUNON. Représentée comme une matrone avec le sceptre dans la main et la couronne sur la tête, elle dirige la charge des règnes. Tourmentée par la continuelle jalousie causée par l’infidélité de Jupiter, elle transforme la nymphe Io en une vache et la place sous le joug d’Argus. Jupiter envoie Mercure tuer Argus pour libérer Io, mais Junon, pour récompenser le géant de sa fidélité, le transforme en paon qui donc devient son oiseau préféré (c’est le symbole de l’orgueil).
Concluent le cadre les figures de Hebe, déesse de la jeunesse, à gauche, et d’Oridea, son messager, à droite.
o) VESTA. La mythologie classique avait donnée vie à deux divinités distinctes pour ce nom. Elles sont représentées tous deux avec leurs attributs : à droite Vesta fille de Saturne et de Rhéa, divinité du foyer domestique revêtue de rouge, avec une guirlande de feu sur la tête elle a dans les mains un vase avec le feu perpétuel qui lui est sacré ; au centre Vesta mère d’Uranus et mère de Saturne, assimilée à la Terre, Grand-mère des dieux, siège sur un char tiré par des lions, qui tourne symbolisant les saisons de l’année à laquelle elle dirige. Les attributs du sceptre et de la couronne à la manière d’une tour l’identifient comme protectrice des habitations et de la ville.
L’accompagne Cérès, antique divinité champêtre couronné d’épis, sur le char trainé par des serpents et avec le flambeau de pin illuminé à la recherche de sa fille Proserpine raptée par Pluton. Le livre que Cérès soutient le premier don de Vesta qui est les lois aux hommes et pour cela elle fut dite « légiférante ».
Ferment le cadre les habituels figures tel le marbre : à côté de Cérès sa fille Proserpine, qui porte sur la terre la luxuriance de la nature, et Vesta, un symbole vestale, gardienne du feu sacré.
p) BACCHUS.
Il est représenté comme un adolescent imberbe et nu, avec dans la main une grappe de raisin et ceinturé de lierre laquelle, pour sa nature médicinale, était indiquée pour guérir l’ivresse. Bacchus est au centre de son cortège, assit sur un éléphant et entouré d’animaux qui lui sont consacrés : la chèvre qui broute les germes de la vigne, le chameau et la panthère, emblèmes des pays conquis durant son vagabondage pour le monde.
Le corpulent Silène est assit par terre en train de boire le vin qu’un satyre lui verse, à côté de l’âne avec lequel il avait suivie Bacchus dans la conquête de l’Inde.
Ferment le cortège les ménades avec le thyrse et la baccante qui joue du tambourin.
Les figures monochromes représentent à droite Marsia avec la cornemuse, à gauche l’allégorie du Triomphe, avec le sceptre et la couronne de chêne.
q) MINERVE. Déesse de la guerre, de la sagesse, de la science et des arts elle est représenté, armé à l’antique, le casque sur la tête, dans une main la lance et dans l’autre le bouclier à tête de gorgone.
A ses épaules sont peint l’olivier qui est le fruit de la victoire avec Neptune pour l’attribution du nom à la ville de Cercope, rebaptisée Athènes.
A ses pieds, les instruments propres de l’art, mécaniques et instruments, qu’elle protège. On trouve également le griffon et la chouette symbole de la paix et de la prudence propre des sages.
Concluent la représentation les deux figures monochromes de Vulcain, qui lui forge l’armure (à gauche), et Prométhée (à droite) qui modèle les hommes dans la glaise et leur donne le feu grâce à l’aide de Minerve.
r) ATLAS. Dans des vêtements d’un roi africain, condamné par Jupiter à soutenir le ciel pour avoir participé à la révolte des Titans, il est assit sur le mont Atlas dans lequel il fut transformé par Persée pour lui avoir refusé l’accès au Jardin des Hespérides. La tradition antique l’identifie comme le premier astrologue qui observe la course lunaire et c’est pour cela que les festons (guirlandes de fleurs, feuillages) qui ornent le cadre sont formés d’astrolabes, sphères et instruments propres aux mesures célestes.
A droite, la personnification de l’Afrique siège sur un éléphant, alors qu’à gauche il y a celle de l’Astrologie, science consacrée à Atlas.
s) MAIA. Elle fait face à Atlante, son père, et Mercure, le fils eu de Jupiter. Elle est ornée de fleurs sur la tête qui, avec sa tenue représentent l’habillement dans lequel on faisait la célébration de sa fête annuelle, venant sacrifier une vache enceinte.
Le protomé taurin qui la couronne se réfère à la tradition mythologique pour laquelle Maia et les Pléiades se tuent pour la douleur causée par la mort de leurs sœurs les Hyades et furent par Jupiter transformées en une constellation et situées sur la poitrine du signe zodiacal du Taureau.
Les figures monochromes qui concluent le cadre représentent, en fait, les constellations des Pléiades assises sur le Taureau (à gauche) et celles des Hyades (à droite). Depuis, leur levée coïncide avec le début de la saison des pluies et les antiques supposèrent que cela rappel les larmes des jeunes filles, et les vases qui versent l’eau et font ainsi allusion à la nature pluvieuse de ces étoiles.
t) PAN. Divinité des forêts et des pâturages, il est représenté comme un satyre cornu aux jambes caprines avec la syringe, la flûte pastorale formée des lames dans lesquelles s’était transformée la nymphe Syringe pour fuir ses flatteries. Son majeur succès amoureux fut d’avoir séduit Séléné cachant le noir de son poil caprin sous une fourrure blanche. A cet épisode se réfère la scène peinte sur la voûte, où Pan est représenté en train d’offrir à la Lune la fourrure blanche.
Le cadre est conclue par les habituelles figures monochromes : à gauche le dieu Silvano et à droite la déesse de la Paix honorée par les bergers.
u) HERCULE. Assit entre les colonnes qui terminent les douze travaux, il est vêtu de la peau du lion de Némée, qu’il battu. Il a aux pieds les symboles de chacune des exploits qui lui furent imposées par Junon : le géant Caco, le sanglier d’Erimanto, le taureau qui dévaste la Crète et l’Hydre de Lerna.
Les figures monochromes qui sont à côté représentent à droite le Travail (labeur, fatigue, difficulté), vêtue d’une dépouille de taureau, premier des pauvres et des virtuoses, et à gauche la Vertu, couronnée de fleurs.
C / Les parois.
Sur les côtés longs, on trouve des figures des héros et héroïnes de l’histoire romaine s’alternant avec la représentation du « verso » des médailles des empereurs.
Les bustes de marbre des douze empereurs sont contenus de scénettes monochromes qui font allusions à leurs vices et à leurs vertus.
Sur le haut des murs long on trouve diverse s représentations moralisatrices dont :
· Tullio Ostilio, Virginia et Catone avec leur temple sont d’illustres exemples de religiosité romaine ;
· La Religion qui soutient un « autel » dans lequel brûle le feu ardent, ce qui fait allusion à la pété de Numa Pompilio ;
· La Magnificence avec la corne d’abondance pleine de couronnes et de sceptres et la balance dans les mains ;
· La Constance, autre vertu indispensable pour un bon gouvernement ;
· M. Attilio, Marcello et Furio Camillo, exemples de vertu et de religiosité avec les temples qu’ils firent construire.
Sur les côtés courts sont représentées les personnifications de Florence et de Rome qui font allusion à la vie d’Orazio Rucellai et les personnages clés de leur histoire avec les vertus qui les ont rendus célèbres.
Entre les deux portes d’entrées, est figurée la personnification de Rome avec le symbole du pouvoir spirituel et temporel. On y trouve également les armoiries Ruspoli, sous les armoiries originales de la famille Rucellai.

II – Programme figuratif.
A / La synthèse des arts ou un art propre à Jacopo Zucchi. Zucchi était un peintre au point culminant de sa carrière quand il mit la main à la galerie et ainsi le résultat final fut celui d’un chef d’œuvre typique de la maturité et non un chef d’œuvre enthousiaste et « heureux » typique de la jeunesse des peintres.
Jacopo Zucchi assimile rapidement la force de l’art « romain ». Il englobe dans ses œuvres une diversité comme l’architecture, la peinture même, la musique…
Aussi Vasari, son maître, s’était risqué à des entreprises impliquant le déploiement d’une énergie créative surprenante. Tel était l’art de Vasari, dans lequel l’idée toscane et florentine de la « perfection » du dessin, participe à l’apothéose de son art. Zucchi finit donc par triompher avec la galerie du palais Rucellai, où il allie la grandeur de la forme romaine et la minutie du symbole, selon la nouveauté flamande.
L’union stylistique dans la galerie rend similaire les particularismes, où le mur est un authentique livre figuratif, une unité de conception qui abolie l’élément narratif de la peinture. La peinture est faite de figures réunies ensembles dans une sorte de parade, et proprement avec l’idée de la « parade allégorique », qui est le concept de Zucchi pour la Généalogie des Dieux.
Zucchi écrivit un texte pour illustrer la galerie dans lequel il énonce toute une série de critères interprétatifs en fonction du tout insolite et mystérieux. Pour faire comprendre que sa suggestion de faire voir un appareil éphémère, chaotique, il le définit.
B / La mythologie antique : allégorie et signification morale.
Zucchi déclara qu’il choisi la Généalogie des Dieux parce qu’un site aussi grandiose avait besoin d’un sujet « convenable ».
La grande différence entre Annibale Carrache, qui décora la galerie du palais Farnèse, et Zucchi est que Annibale voit la résurrection de l’antiquité grecque à Rome comme un principe « vivant », pour lequel il réactive l’idée de la statue antique qui prend vie et reconstruit littéralement une humanité idéale et vive devant les yeux de l’observateur. Zucchi, lui, reconstruit un monde de « figures » qui représentent la mythologie antique. Ce n’est donc pas une vérité culturelle qui ressort devant nous, mais un documentaire figuratif.
Le fait est que le grand thème de Zucchi, en plus de la mythologie, est le temps. La galerie, en réalité, est une immense allégorie du temps, retracée selon les paramètres traditionnels des constellations, des signes du zodiaque et des transitions célestes. Il est clair alors que ce ne sont pas tant les figures mythologiques dans lesquelles Zucchi « croit », mais plutôt la grande conception que la galerie produit.
Zucchi inclus alors l’idée d’enquêter sur l’iconographie à la recherche d’une signification morale qui change l’attention portée à la fresque partant d’une simple représentation figurative jusqu’au discours de Zucchi, ce qu’il veut dire à travers la galerie. Il s’agit en quelque sorte d’une lecture qui se rapporte à la dimension abstraite du travail d’art.
Quand il mentionne la figure de l’Océan, cruciale pour toute la conception de la voûte, il écrit : « dans cette représentation, pour le fils du Ciel et de Vesta, ce fut plaisant de la peindre, et il n’y a pas de doute, que la grande confusion ne se trouve pas dans l’opinion des écrivains, comme nous l’avons déjà dit ».
Zucchi utilise une méthode pour la formulation générale des figures, qui consiste à rendre rationnel la description à travers une succession d’attributs, qui correspondent les uns par rapport aux autres, arrivant à une synthèse encyclopédique explicite pour le spectateur.
A côté de l’Océan nous voyons les images de Thétis et du Triton, qui est le dieu protecteur marin et ainsi en illustre les caractéristiques : « berger des troupeaux l’Océan, autour de beaucoup d’animaux, comme des lions, loups, bœufs, et semblables signifiant les diverses et variés aspects de la mer, furieux tel un taureau, rugi tel un lion, et paisible tel un agneau ; ou pour signifier qu’il veut varier les aspects ou la nature des hommes ainsi mille foi, et simuler les visages, les cherchant chacun dans cette pénible mer, avec mille finesse l’un l’autre se trompant ».
Pour l’image caractéristique de Mars (un des cadres rectangulaires de la voûte), le maître insiste sur un grand nombre d’influences nuisibles du dieu de la guerre, ratifiant la concession positive du passage du temps visant à la pacification. Mars est « très nuisible, masculin, et nocturne, et colère persuasive, et enflammé et animosité, audace, vengeance et qui fait les hommes frivoles, meurtriers, violents, mobiles, et beaucoup de facilités à la colère ».
Il commente l’image de Rome, païenne et chrétienne en même temps, à laquelle Zucchi lie la figure de Nima Pompilio et écrit : « il soutient un autel avec le feu du sacrifice. On entrevoit la fierté de l’armée et Numa avec la piété et la religion, ensemble ils fondent l’antique Rome et ainsi nait la correspondance de Saturne et Janus, qui règnent dans cette province, qui de plus, comme il est dit, s’ils sont peint, comme encore les douze Césars, qui en tiennent le sceptre et la possèdent ».
Sur cette vaste thématique est configurée une sorte de « religion laïque », où se rattache l’exigence humaniste mais destituée de valeurs de la pensée chrétienne en ce qui concerne l’animation des figures, belles et convenables, du patrimoine de culture classique dont tel religion est habituellement apparente.
La galerie du Palais Rucellai est le triomphe de l’invention stylistique de Zucchi poursuivie avec une grande cohérence dans la vaste décoration.
Dans un chef-d’œuvre contemporain à la galerie, comme Amour et Psyché de la galerie Borghèse (1589), Zucchi déploie cette attitude à penser en grand mais dans un mode minutieux.
C / Un art de la paix. La concession de base n’est pas la grandeur, mais la minutie : l’« illustration » des figures mythologiques, chacune selon ses propres caractéristiques. A côté de cela, nous voyons des thèmes allégoriques inspirés de l’histoire romaine, qui convergent vers l’idée générale de la Pacification et du mythe d’un âge heureux.
L’analogie se trouve en une sorte de grand théâtre d’évènements, l’approximation d’un âge heureux de paix et de prospérité, ainsi Zucchi appel à un rassemblement de la généalogie de dieux pour prospecter un hymne à la joie de vivre. Implicitement c’est l’expression d’une liberté.
En synthèse on peut soutenir la thèse que la fresque est un vrai et propre « champ de bataille » inspiré des évènements guerriers, qui se déplace ici sur le plan opposé, c’est-à-dire celui du lieu allégorique de la pacification et de la prospérité souhaitable des temps futurs.

Conclusion :
Quand Jacopo mit la main à la galerie son répertoire figuratif était accompli et perfectionné. Pour avoir un travail vaste comme celui de la galerie, il ne peut pas inventer trop et le travail le consent à faire non seulement la somme d’une certaine sagesse antique mais une somme de sa propre carrière.
L’épopée peinte par Zucchi devrait apparaitre comme un travail offert à un passé très profond, fait de savoir et de légèreté, qui restaient étranger aux maitres de la nouvelle génération. Mais la cohérence et la capacité stylistique de Zucchi, tel un exemple de considération purement esthético-formel de l’art, peut être insurmontable pour une époque autrement « expérimental » comme celle entre la fin du Cinquecento et le début du Seicento.

Bibliographie :
· BOYER, Lavori di jacopo Zucchi in Roma, Paolo Cremonese, 1931. (Jacopo Zucchi).
· HALE (J. R.) (dir.), Dictionnaire de la Renaissance italienne, L’Univers de l’art, Thames & Hudson, Paris, 1997. (famille Rucellai).
· SALX (F.), La fede negli astri, dall’Antichità al Rinascimento, Turin, 1985. (galerie).
· SICA (C.), « La Genealogia degli Dei », Palazzo Ruspoli, Rome, Editalia, 1992. (galerie).
· STRINATI (C.), « Jacopo Zucchi e la Galleria Rucellai », Palazzo Ruspoli, Rome, Editalia, 1992. (galerie).

© Eosclio

Fragonard, Le verrou

Fragonard, Le verrou, 1784, Musée du Louvre, Paris, France.