Source : libération.fr
Par Sylvestre Huet, le 8 décembre 2011
Les archéologues de l'INRAP qui fouillent le tracé du canal Seine Nord europe ont découvert une magnifique statuette de Vénus datant du néolithique.
Déjà baptisée La Dame de Villers-Carbonnel du nom de la commune où se trouve le site néolithique, cette statuette en terre cuite n'a que de très rares équivalent.
L'Inrap présente ainsi le site de fouilles : «Sur la rive gauche de la Somme, les archéologues ont dégagé deux vastes enceintes appartenant à la culture chasséenne (environ 4300-3600 avant notre ère). La plus ancienne est délimitée par un fossé et une palissade définissant un espace d’environ 6 hectares. À celle-ci succède une autre enceinte, bien plus vaste, comportant également une palissade, mais ponctuée sur l’extérieur de tronçons de fossés. La surface enclose est alors de plus de 15 hectares, bien au-delà des 6 à 10 hectares des enceintes habituelles généralement mises au jour. Elle abritait des habitats et de nombreuses structures ont été fouillées : bâtiment, fossés, trous de poteau, fours…»
Les archéologues ont d'abord retrouvé des fragments de statuette dans un four dont la voûte de terre s’est effondrée. Puis, après remontage des fragments, la statuette s’est révélée entière.
En voici la description par les découvreurs : «Haute de 21 cm, elle est modelée à partir d’une plaque d’argile rectangulaire. Les hanches sont larges et accentuées, les fesses proéminentes et viennent amplifier le déséquilibre entre la partie inférieure du bassin et la taille étroite et fine. Les bras sont esquissés par deux bourrelets au niveau des épaules, mais ne sont pas réellement figurés, pas plus que les mains. Le sexe n’est pas représenté, mais les seins sont formés par l’ajout de deux petites boules de pâte légèrement étirées. La tête enfin, très stylisée et sans visage, est constituée d’un simple cône. Cette statuette féminine possède des lignes pures mais asymétriques, c’est par exemple le cas des seins et des jambes. On assiste ici à une forte abstraction de la représentation du corps féminin, marquée par la largeur des hanches et les seins.»
La dame de Villers-Carbonnel, comme celles découvertes auparavant pour cette époque, est stylisée et caractérise une époque durant laquelle s’opère une dissolution de la figuration. Le caractère exceptionnel de la découverte tient à la fois à l’intégrité de la statuette et à la rareté de ces figurations féminines au sein des ensembles du Néolithique moyen.
L’unité stylistique qui caractérise ces représentations féminines, malgré de multiples différences, suggère un fonds idéologique commun dont l’origine est méditerranéenne. Les archéologues ont souvent vu dans ces statuettes, des représentations symboliques de la fertilité pouvant faire l’objet d’un culte domestique. Du Proche-Orient aux confins de l’Europe occidentale, une abondante littérature archéologique a évoqué des cultes à quelques «déesses-mère», concept aujourd’hui de plus en plus contesté.»
J'a publié sur le blog une note après un reportage effectué sur l'un des principaux site de fouilles archéologiques du canal Seine-Nord-Europe (photo à droite). Il promet par ses dimensions de nombreuses découvertes archéologiques sur des sols non urbanisés.
Depuis septembre 2009, 320 sites allant du Paléolithique au Moyen Âge ont été identifiés sur les 1700 hectares diagnostiqués. Les fouilles, qui ont débuté en mars 2010, ont révélé 77 sites archéologiques. À ce jour, 31 fouilles ont été réalisées ou sont en cours de réalisation sur 81 hectares. Une centaine de projets de fouilles est prévue avant le démarrage des travaux de terrassement.
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