L’amphithéâtre gallo-romain de Drevant a été utilisé
par les chevaliers de Charenton pour ériger une forteresse. Un fait sur
lequel l’inspecteur Colum Boischaut s’est penché.
Le château a complètement disparu du paysage et de la mémoire des habitants du village ?
Credit : photo archives
Credit : photo archives
Les migrations de Colum Boischaut n'ont jamais été dictées
par la météo. Le fin limier saint-amandois goûte assez peu la pluie,
encore moins les périodes caniculaires. Quand l'enquêteur décide de
partie, c'est d'abord parce qu'il sait que sa Renault 12 tiendra le
coup. Ce qui signifie, grosso modo, un rayon de cent kilomètres autour
de Saint-Amand. C'est, aussi, pour voir quelque figure connue et peu vue
ces derniers temps.
Cette fois-ci, c'est la Creuse qui a attiré Colum Boischaut. Juste quelques jours. Pour partager un verre de bourgogne avec un vieil ami passé par Saint-Amand il y a quelques années. Au moment du retour, difficile de ne pas passer par Huriel. Pour jeter un 'il à son donjon carré, dont Olivier Trotignon, l'ami médiéviste, lui avait longuement parlé.
Pas étonnant qu'au moment de son arrivée à Saint-Amand, il en touche quelques mots, par téléphone, à l'historien. « Belle idée, ce détour. Mais tu sais qu'il y en avait un à deux pas d'ici, dans un lieu improbable ? Assieds-toi dans ton vieux fauteuil club, je t'explique. »
Le site a dû paraître extraordinaire aux chevaliers de Charenton
Cette fois-ci, c'est la Creuse qui a attiré Colum Boischaut. Juste quelques jours. Pour partager un verre de bourgogne avec un vieil ami passé par Saint-Amand il y a quelques années. Au moment du retour, difficile de ne pas passer par Huriel. Pour jeter un 'il à son donjon carré, dont Olivier Trotignon, l'ami médiéviste, lui avait longuement parlé.
Pas étonnant qu'au moment de son arrivée à Saint-Amand, il en touche quelques mots, par téléphone, à l'historien. « Belle idée, ce détour. Mais tu sais qu'il y en avait un à deux pas d'ici, dans un lieu improbable ? Assieds-toi dans ton vieux fauteuil club, je t'explique. »
Le site a dû paraître extraordinaire aux chevaliers de Charenton
« Dans les archives, des chevaliers sont mentionnés à Drevant, la vieille cité sacrée du peuple biturige. Or, aux XII e et XIII e
siècles, il est rare de trouver des chevaliers sans château, tu vois…
Extrêmement rare, même. En relisant les vieux rapports de déblaiement
des ruines au XIX e siècle, il apparaît que les
archéologues de l'époque, en creusant à l'intérieur de l'amphithéâtre
gallo-romain, sont tombés sur les fondations d'un donjon carré. Un
donjon carré, c'est le XII e siècle. C'est
Huriel, que tu as vu, mais c'est aussi Lignières ou Le Châtelet, qui
n'existent plus », explique l'historien, d'une traite.
Un donjon au beau milieu de l'amphithéâtre ? Colum Boischaut peine un peu à visualiser la chose, mais bon… Trotignon a bossé, il a passé en revue les archives, il a les diplômes, tout ça… Donc le fin limier saint-amandois le croit. Fait mine de, en tout cas. Et attend la suite, en interrogeant son interlocuteur. « Mais pourquoi aller construire un château au milieu des arènes alors que c'est plutôt étroit ? Il n'y a pas vraiment d'espace… Et qui en est à l'origine ? »
« Là, tu touches au second point. Parce qu'après les archives, l'archéologie, il y a la recherche sur le contexte historique de l'époque. Et Drevant au XI e siècle était un lieu rare. »
« Rare ? Comment ça, rare ? », questionne Colum Boischaut, en
se grattant le front. « Dans un paysage où il commençait à y avoir
quelques églises de pierres mais où on construisait avec des matériaux
périssables, Drevant a dû paraître extraordinaire aux chevaliers de
Charenton, puisque c'est bien d'eux dont il s'agit. Techniquement, au
moment où la féodalité s'est installée ici, la civilisation de la Région
n'avait pas les moyens de reproduire Drevant. Ils savaient monter de
petites églises, mais tailler de gros blocs, comme ils en avaient sous
leurs yeux avec l'amphithéâtre gallo-romain et les ruines alentours, ça a
dû les attirer très tôt. »
« Tu es en train de me dire que les seigneurs de Charenton se sont installés là, en plein milieu des arènes, parce que c'était facile ? » Sans laisser de pause à l'inspecteur pour se remettre de ces infos, Olivier Trotignon poursuit. « Ben oui. Ils se sont dit que les pierres pourraient être remontées, tout simplement. Mets-toi à leur place : ils sont tombés sur un truc presque clés en mains, tu vois. Et qui leur a servi d'enceinte classique. Comme ils avaient besoin d'un donjon pour des raisons militaires et symboliques, ils ont construit un donjon carré au milieu de l'amphithéâtre. On peut supposer qu'il y avait encore des parties bien élevées à l'époque. »
Le lieu en désuétude au moment où Montrond naît
Un donjon au beau milieu de l'amphithéâtre ? Colum Boischaut peine un peu à visualiser la chose, mais bon… Trotignon a bossé, il a passé en revue les archives, il a les diplômes, tout ça… Donc le fin limier saint-amandois le croit. Fait mine de, en tout cas. Et attend la suite, en interrogeant son interlocuteur. « Mais pourquoi aller construire un château au milieu des arènes alors que c'est plutôt étroit ? Il n'y a pas vraiment d'espace… Et qui en est à l'origine ? »
« Là, tu touches au second point. Parce qu'après les archives, l'archéologie, il y a la recherche sur le contexte historique de l'époque. Et Drevant au XI e siècle était un lieu rare. »
« Tu es en train de me dire que les seigneurs de Charenton se sont installés là, en plein milieu des arènes, parce que c'était facile ? » Sans laisser de pause à l'inspecteur pour se remettre de ces infos, Olivier Trotignon poursuit. « Ben oui. Ils se sont dit que les pierres pourraient être remontées, tout simplement. Mets-toi à leur place : ils sont tombés sur un truc presque clés en mains, tu vois. Et qui leur a servi d'enceinte classique. Comme ils avaient besoin d'un donjon pour des raisons militaires et symboliques, ils ont construit un donjon carré au milieu de l'amphithéâtre. On peut supposer qu'il y avait encore des parties bien élevées à l'époque. »
Le lieu en désuétude au moment où Montrond naît
Sur
les lieux, les seigneurs de Charenton ont aussi élevé une chapelle –
qui était encore visible sous Henri IV – à l'intérieur de l'arène et
creusé un puits, dont on a gardé la trace.
Au XIII e siècle en tout cas,
plusieurs chevaliers de Drevant occupaient le site. « Le château est
tombé en désuétude au moment où le château de Montrond s'est construit,
précise le médiéviste. Il n'y avait plus d'utilité d'avoir une
forteresse à Drevant. »
Ça se termine comme ça, les histoires de seigneurs, de
chevaliers et de châteaux ? Aussi mal ? « Et oui ! On peut supposer que
le château s'est délabré. Qu'il est tombé un peu à l'abandon au cours du
Moyen Âge. Tu sais, si on ne le voit plus à l'époque d'Henri IV, c'est
que les paysans avaient commencé à piquer des pierres. En fait, quand
Montrond s'est élevé, tout le monde voyait bien que le site était mieux
choisi. Qu'il était en position dominante, sur un croisement des routes.
Drevant, pour sa part, était un cul-de-sac. »
Conclusion ? « J'ai l'impression qu'un seigneur a pris
l'opportunité de se lancer dans un truc costaud. Ça avait de l'utilité à
un moment mais les moyens techniques ont dépassé ça rapidement. »
Source : Valérie Mazerolle (valerie.mazerolle@centrefrance.com), 15 mai 2012, Le Berry
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