Les jeunes ne regardent plus les documentaires historiques. Les commentaires laconiques de commentateurs blasés par des événements qui les dépassent peinent à intéresser une jeunesse à la recherche de frissons et d’aventures. Seule une poignée d’initiés passionnés par le sujet diffusé (le plus souvent sur une chaîne du service public à 3 heures du matin) peut résister à l’appel irrésistible de Morphée ou… de leurs jeux vidéo historiques ! En effet, contrairement à leur cousin le petit écran, la console et l’ordinateur se passionnent de plus en plus pour l’histoire…
Dépassé le livre ? Probablement. Mais la télévision serait-elle en passe de devenir inintéressante comme support pour l’Histoire ?
Nous verrons ainsi comment l’histoire se développe dans le jeu vidéo selon les différents types de jeux.
La série mythique des Age of Empires débute en 1997. C’est également ainsi que démarre les STR historiques… Très librement adapté des événements historiques, cet opus avait au moins le mérite de plonger le joueur dans le passé pour la première fois en temps réel. Cette série a ensuite inspirée d’autres développeurs qui changeront les modes de jeu et les périodes illustrées. On citera ainsi Empire Earth, les Cosacks, Sudent Strike… Mais c’est principalement dans la stratégie alliant le temps réel au tour par tour, particulièrement propice, que les jeux historiques vont proliférer par la suite. Ainsi, le joueur peut refaire le monde, changer la destinée des empires, empêcher des guerres (ou plutôt, en général, les provoquer), en bref, il est le maître absolu et rentre lui même dans l’histoire.
Sreenshot de Medieval II: Total War.
Et le réalisme dans tous ça ? Absent ? « Que nenni » répondent les concepteurs. En effet, les détails des graphismes, l’attention toute particulière portée aux anachronismes sont en plein essor. Aussi, dans tous ces jeux, bien que l’on soit libre de la façon dont on mène à bien sa partie, soit la campagne solo la dirige vers une réalité historique soit les batailles historiques sont reconstituées. Tous ceux qui ont un jour joué à Age of Empire II sont persuadés de connaître par cœur la guerre de cent ans et les Croisades aussi bien que leur prof d’histoire. Bien souvent, les batailles sont également précédées et/ou suivies de descriptifs de la situation avant et après la bataille. De plus, les personnages sont souvent réels, les unités reflètent bien les armées de l’époque et l’immersion, pour peu que l’on soit curieux, entraîne admiration et intérêt. D’autres jeux de stratégie jouent plus sur l’évolution de la civilisation sur une longue durée, laissant de côté le réalisme historique pour créer un gameplay évolutif peut être plus intéressant pour certains gamers, mais assez affligeant de simplicité pour l’historien. On pense alors évidemment à la série des Civilization, qui sous couvert d’un réalisme au niveau des ressources voudrait nous faire croire que Einstein a vécu 100 ans, que la statue de la liberté est en Chine si on en a envie, et que les chevaliers féodaux peuvent très bien se battre avec les Marines.
Une fusée décollant du centre d’un New York peu ressemblant dont la banlieue est peuplée d’éléphants dans Civilization IV…
Surfant sur la vague d’intérêt suscitée par le film « Il faut sauver le soldat Ryan » (1998) de Steven Spielberg, les FPS semble s’intéresser quand à eux particulièrement à la seconde guerre mondiale pour des raisons techniques évidentes (bien qu’ils brillent par leur absence en ce qui concerne la première guerre mondiale).Il faut sauver le soldat Ryan, Film hollywoodien ou Reconstitution historique fondatrice d’un regain d’intérêt pour cette période?
On citera notamment des jeux comme Medal of Honor, la série des Call of Duty (mis a part le IV, inspiré de la géopolitique actuelle beaucoup plus que de faits historiques), et l’inévitable Brother in Arms… Les développeurs ont effectué pour ceux-ci un travail de recherche qui pousse le réalisme historique à un point jamais atteint. Ils se sont ainsi inspirés de films d’époque, de photos, de témoignages de vétérans, pour donner à leurs jeux un caractère documentaire saisissant. L’influence du cinéma sur ces jeux n’est pas a négligée. Ainsi Medal of Honor: débarquement allié permet de vivre la fameuse scène du début du film de Spielberg, du débarquement en Normandie le 6 juin 1944, dans la peau d’un soldat américain sous les ordres du capitaine Miller. De la même façon, le jeu Brothers in Arms, s’est presque totalement inspiré de la série Band of Brother (2001), suivant pas à pas les soldats de la 101ème aéroportée américaine. Ce dernier poussa le réalisme à un point extrême. La beauté des graphismes de ce jeu, conjugué au fait que les missions proposées en solo ont vraiment été effectuées par les soldat de cette division, nous amène à voir en ce jeu un caractère documentaire. Ils jouent ainsi un réel travail de mémoire, relayant la pensée des vétérans.
Débarquement allié à la pointe du Hoc dans Call of Duty II, reconstitution fidèle inspirée du film : Le Jour le Plus Long.
On sait que l’heure est à l’histoire réaliste, proche du soldat moyen et des atrocités de la guerre. Les FPS, en utilisant un mode de fonctionnement à la première personne, permettent une identification réelle, immergeant le joueur dans l’univers de l’époque. Dans quelle mesure cela conduit-il à une banalisation de la violence ? ça demandez-le à votre prof de philo.Juste une question toute bête : Qui, après avoir joué a ces jeux pendant des heures, ne s‘ est jamais fait la réflexion: « celui là à la fenêtre il serait facile de l’avoir avec mon Sniper » ou encore « ouah ! Ici je serais vachement bien planqué pour pouvoir tuer tous les ennemis qui passent ». Que celui-ci me jette la première pierre.
Une autre forme de jeu à la première personne affectionne particulièrement le contexte historique : le jeu d’aventure. Il couvre ainsi, sur la base d’intrigues et de complots inventés ou inspirés de la réalité, de nombreuses périodes historiques. Le temps des pharaons avec la séries des Egypte, celui du Roi soleil avec Versailles, ou encore la période napoléonienne avec l’Oricou, enquête à Paris sous Napoléon. Ces jeux, en plus de faire travailler les méninges sur des problèmes tous plus tordus les uns que les autres, exciterons votre curiosité et vous pousserons à vérifier si oui ou non il y a eu complot ! Sans aller jusqu’à la recherche en bibliothèque, sauf pour les paranoïaques maladifs, vous irez allégrement chercher sur google ou wikipédia (erreur fatale du non historien) pour vous informer.
Loin, très loin des livres d’histoires, les jeux vidéo ? Pas si sur. Screenshot Versailles,1685 complot a la cour du roi soleil (1997).
Toutes ces formes de jeux ont également créé une communauté de joueurs qui se regroupent en clans. Ces clans disposent bien souvent leur propre site internet qui mettent en ligne, en plus de conseils relatifs au jeu, news et autres; des liens vers des sites historiques officiels bien souvent recommandés ou créés par les universités d’Histoire elles-mêmes ! Il existe donc bel et bien une influence positive de ces jeux et la volonté de la part des joueurs de se divertir en apprenant. De la même façon, les jeux eux même tentent de se donner une légitimité historique pour renforcer leur public. Certains développeurs envisagent très sérieusement de donner, avec chaque jeu vendu, un fascicule d’explication sur la période ou même un dvd documentaire ! Sans compter toutes les petites phrases historiques présentent dans Civilization IV, dans les Total War, ou encore de Call of Duty.
Quelque soit le support, quelque soit le mode de jeu, les jeux historiques ont su en tous cas redonner un certain intérêt pour l’histoire à une jeunesse qui ne voyait en cette matière autre chose que la figure de l’immonde madame Batouche, stylo à la main et regard vicieux, qui hurle d’une voix stridente et en arborant un sourire sadique, un ignoble : “Alors, aujourd’hui, l’influence de la culture Byzantine sur la plantation des patates en Irlande au XIIeme siècle.”
Webographie :
http://www.digitalgames.fr/2008/04/21/les-jeux-video-historiques-se-divertir-en-apprenant/
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